dimanche 27 juillet 2014

Bouvines. Un long dimanche de... bataille !

Bataille de Bouvines. Horace Vernet. 1827. Détails.
Galerie des Batailles. Château de Versailles.
© France Terres d'Histoire

Les batailles de Muret (12 septembre 1213) et Bouvines (27 juillet 1214) comptent parmi les "journées qui ont fait la France" ! Bouvines, en particulier, eut un grand retentissement. Plus d'une centaine de sources manuscrites du XIIIe siècle mentionne un engagement à la fois décisif et d'une grande portée symbolique. Au soir de la bataille, la coalition anti-capétienne a vécu. On la verra à nouveau réunie, en d'autres temps, lorsque l'hégémonie française menacera l'équilibre sur le continent. Progressivement constituée, et largement financée par les subsides anglais, elle rassemble les principaux rivaux du roi de France : Jean sans Terre, roi d'Angleterre, Ferrand, comte de Flandre, Renaud de Dammartin, comte de Boulogne, Thiébaud, duc de Lorraine et l'empereur Othon IV de Brunswick. D'autres seigneurs, de rang inégal, viennent grossir les rangs. La menace bien réelle d'un débarquement français sur les côtes anglaises écartée, -la flotte française est anéantie dans le port de Damme (mai 1213)-, les coalisés semblent en mesure de passer à la contre-offensive. De fait, les armées anglaises sont bientôt en vue de La Rochelle (16 février 1214) et Jean rallie sur son passage ses vassaux du Poitou, du Limousin et de Saintonge. Du moins s'y emploie-t-il car tout ne va pas au mieux dans les rangs de son armée et nombre de barons anglais font défection, estimant que combattre loin de l'Angleterre aux côtés du roi ne fait pas partie de leur devoir. Trop peu sûr de son affaire, l'Anglais préfère lever le siège de La-Roche-aux-Moines à l'approche des troupes françaises, le 2 juillet 1214.

Toute menace ne disparaît pas pour autant. Cette fois, elle vient du nord. Elle ne sera écartée qu'au prix d'une bataille rangée le dimanche 27 juillet 1214. La chose n'est pas courante. Les rois préfèrent généralement éviter ces affrontements directs craignant d'y perdre leur légitimité, sinon la vie. Entre les rois de France et d'Angleterre, on ne s'y est plus risqué depuis Brémule (1119) : le péril est trop grand et les conséquences trop lourdes ! Emmenés par Othon de Brunswick, les comtes de Flandre et de Boulogne, les coalisés peuvent également compter sur le renfort de milices qu’envoient les villes flamandes, et de mercenaires soldés par Jean sans Terre. Le roi d'Angleterre, retiré à La Rochelle après l'échec de La Roche-aux-Moines, ne participe pas à la confrontation. Pressé d'en découdre, fut-ce un dimanche, jour réservé à Dieu, l'ennemi veut profiter de sa position et engage le combat. Résolu à prendre l'ennemi à revers, avant qu'il ne reçoive des renforts, Philippe-Auguste a choisi de faire mouvement dès l'aube. Une bonne partie de l'infanterie française a déjà passé le pont de Bouvines lorsque l'attaque commence. Le roi doit désormais tenir avant que ses forces ne rebroussent chemin. Sa situation est précaire. Philippe-Auguste, en péril de mort, parvient in-extremis à s'échapper. Bientôt, c'est au tour d'Othon d'être en difficulté et les Français s'emparent de l'étendard impérial. Les coalisés subissent de lourdes pertes et reculent. Quelques seigneurs recherchent le salut dans la fuite ! La victoire se dessine au terme d'une violente confrontation de quelques heures.

Au soir de la bataille les conséquences sont incalculables. Le Capétien a vaincu ses ennemis lors d'une bataille rangée. Dieu a tranché. Le prestige de Philippe-Auguste s'en trouve rehaussé. L'historiographie française se charge de le faire savoir. Les populations pressentent elles aussi l'importance de l'événement. Côté français, les chroniqueurs mettent en avant les manifestations de joie qui accueillent le roi lors de son retour à Paris et l'espoir des uns et des autres de voir s'établir une paix durable. La menace de voir le royaume de France être subordonné à l'empire s'estompe. Quant à Jean-sans-Terre, fragilisé lui aussi, bien que n'ayant pas pris part directement à la confrontation, c'est la voie du déclin qui s'ouvre à lui : l'aristocratie anglaise lui arrache la Grande Charte (Magna Carta) et le roi fait de lourdes concessions à sa noblesse. Par ailleurs, il ne peut empêcher la mainmise du Capétien sur la Flandre. Désormais, Philippe-Auguste a les coudées franches pour consolider ses conquêtes et son royaume. Reste aux historiens, dont beaucoup voient dans la bataille de Bouvines une première manifestation de l'unité française autour de son roi, à souligner la portée de l'événement !

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